Comme partout, les produits Grand Public sont soumis à des tendances, qui sont soit tirées par les besoins des consommateurs, soit poussées par les nouvelles technologies nouvellement arrivées sur le marché. Toute équipe R&D en charge du développement d’un nouveau produit se doit d’être au courant de ces tendances pour ne pas passer à côté de son marché et anticiper les évolutions ! Voici un aperçu de ce qui nous attend pour 2021 :
Le déferlement de l’éco-responsabilité
L’écologie est un sujet de société qui a explosé en 2020. Désormais tous les produits vendus doivent montrer qu’ils sont respectueux de leur environnement et de la société (impact RSE). Attention au greenwashing, même si désormais les labels et certifications « green » se sont améliorés au fil du temps et permettent d’avoir des données plus fiables pour les consommateurs. En 2021, le consommateur voudra comprendre quel est l’impact écologique de ce qu’il achète. La transparence sera de mise et les certifications de réels arguments commerciaux.
Le produit éco-responsable peut s’intéresser à différents axes :
- Moins de consommation d’énergie à iso-performance
- Utilisation de matériaux recyclés et / ou recyclables
- Plus faibles émissions de gaz à effet de serre et particules fines
- Approvisionnement des matières premières en circuit court
Peu de produits font l’objet d’une ACV (Analyse de Cycle de Vie) détaillée pour évaluer précisément leur impact environnemental lors de la conception. Deux raisons principales : le manque de données macroscopiques permettant d’estimer les impacts des différentes activités et le coût d’une telle étude ACV. Il n’empêche, le produit de demain sera garant de son impact environnemental. A bien prendre en compte dans la spécification en amont de la conception !
Le customisation pour faire du sur-mesure
Parce que désormais un produit peut en dire long sur la personne qui le possède, la customisation permet au client d’avoir la sensation d’être « unique », même avec un produit Grand Public. Arrivée dans les voitures dans les années 2010 avec les combinaisons de coloris de carrosserie, cette tendance s’applique à de nouveaux marchés désormais. C’est une approche efficace pour donner du choix au client sur son produit, et dont l’impact en production (le coût de la gestion des différentes configurations était prohibitif par le passé) a été réduit par l’arrivée de la digitalisation et de l’Industrie 4.0.
L’avènement de la connectivité
Tendance de fond depuis des années, le développement de la connectivité des objets du quotidien va continuer et s’amplifier. Après les montres, les robots de cuisine, les vélos et le matériel de sport plus généralement, une grande partie des nouveaux produits permettra de recueillir des données et d’être commandés à distance en 2021. De nouvelles technologies de communication moins chères sont désormais disponibles avec des composants sur étagère, permettant de réduire les coûts de développement et de production. L’arrivée imminent de la 5G (aussi polémique soit-elle) va aussi contribuer à augmenter le débit des données disponible. A étudier sérieusement si vous lancez un nouveau produit !
Le retour de l’approche Low-Tech ?
A l’extrême opposé (pour l’instant) des objets connectés, l’approche low-tech de la conception des produits consiste à utiliser des techniques et technologies simples, robustes et fiables pour créer de nouveaux produits (à l’inverse du high tech). La « réparabilité » est prise en compte dès la conception, pour permettre au produit low-tech d’avoir un impact écologique le plus faible possible.
Image Wikipédia, propriété du LowtechLab de Montréal
Cette tendance est aussi à lier au DIY (Do It Yourself) qui est revenu à la mode ces dernières années. Permettre aux utilisateurs de réparer leurs produits peut leur apporter une satisfaction, et peut contribuer à améliorer leur bilan carbone. Cette tendance de fond est encore marginale, peu de marques se sont lancées dans l’aventure pour le moment. Une piste pour anticiper le monde de demain ?
A l’inverse de l’obsolescence programmée qui a été vue dans ces dernières années, cette approche tend à diminuer les achats de matériel neuf et de permettre au client de réparer lui-même son produit. Economiquement, cette approche low-tech peut paraître désastreuse dans les modèles économiques actuels, car le marché se tarit par lui-même. Mais n’est-ce pas une opportunité dans le fond de concevoir différemment ?
Vers une évolution des modèles économiques
Le modèle économique de la vente « sèche » de produit commence à montrer ses limites, mises en lumières par les scandales liés à l’obsolescence programmée de certains produits. Les entreprises se sont alors tournées vers de nouveaux modèles économiques pour générer des recettes de manière moins discontinue. Le plus commun est le produit évolutif, c’est-à-dire une plateforme de base que l’on peut faire évoluer soit par l’achat de mises à jour logicielles ou de nouveaux accessoires complémentaires. Cette approche nécessite d’être anticipée dès la conception initiale du produit pour permettre un accès facilité aux évolutions.
Certaines entreprises se tournent aussi vers les activités de maintenance de leurs produits directement auprès de leurs clients. D’autres vont un cran plus loin, en vendant désormais un service (avec facturation au mois par exemple) et garantissant un taux de disponibilité du produit (idée du leasing d’une voiture par exemple). Ces deux modèles forcent les entreprises à s’intéresser à la maintenabilité de leur produit dès la phase de conception (activité dénommée Design-to-Maintenance).
Quoi qu’il en soit, la conception des produits de demain sera drastiquement différente que ce que l’on peut connaître aujourd’hui. De nombreux challenges, majoritairement liés à l’écologie, se présentent aux concepteurs et plus généralement aux Bureau d’Etudes. Si vous développez ou avez un projet de développement d’un produit Grand Public, ne passez pas à côté de ces tendances sous peine d’être sanctionné par votre marché.